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Thursday 8 November 2012

Patrick Dreux - poet

Patrick Dreux

Alors la belle, comment va la bête ?
Elle dort.
Et comment va l’enfant ?
Il dort tout contre la bête, elle ne lui fait pas de mal, il est sans crainte.
Et toi comment vas-tu ?
J’ai peur de la bête, j’ai peur pour l’enfant. L’enfant s’amuse tellement avec la bête, et la bête est si imprévisible, un coup de langue, mais cela pourrait être un coup de dent.
Est-ce que tu nourris correctement la bête ?...
Je ne sais pas ce que veut dire « correctement ».
Est-ce que tu nourris correctement l’enfant ?
Je lui donne le meilleur, je lui prépare ses repas, légumes, fruits, viande, laitage, céréales.
Et la beauté ?
Quoi la beauté ?
Tu ne les nourris pas l’un et l’autre de beauté ? De la beauté en large part, à déchiqueter, à réduire en morceaux, à dévorer tout cru, à faire voler les miettes, les miettes de beauté partout autour de l’assiette.
Mais ne faut-il pas la contempler, comme ce qu’il y a de plus sacré ?
Non, la beauté se prend, à bras le corps, à coups de dents, elle se partage comme un trésor qu’on jette au vent. C’est bon pour les idolâtres, la contemplation !
Qui es-tu ? Bête ? Ou enfant ?
Je suis la Beauté qui s’ennuie dans son cadre doré, derrière les vitrines, dans les enluminures et les reliures pleine peau, dans les salons feutrés des collectionneurs…
Pourquoi alors m’appeler « la belle » ?
Pour mieux te manger mon enfant, ma bête, mon adorée !



A first for this blog a beautiful poem in French, courtesy of my very dear friend Patrick. I shall be posting an English version shortly. 

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